Verdict 50% protestant

Hier, j'ai osé faire ce dont j'avais le plus peur : rentrer dans un temple. Un temple protestant.

J'ai grandi aux louveteaux protestants, dans une atmosphère que j'aimais bien, bon enfant. Puis une culture lointaine de huguenot ré-émigré dans leur chemin de dissolution de leur identité dans la lente assimilation culturelle.

Rien de mal : la culture c'est comme la peau morte ; il faut savoir se débarasser de la graisse qui nous empêche d'avancer.

Il y a trop de choses en conflit dans nos identités, est-ce bien la peine de s'attacher à de l'accessoire qui peut blesser des gens qu'on aime ?

Ma femme est polonaise, j'ai des ancêtres qui ont littérallement financé l'invasion de la pologne (en échange de liberté de culte).

En plus ni ma femme ni moi ne vont à de quelconques temples ou associations religieuses, et on est bien comme ça.

Moi, je suis pas Jésus, quand j'ai une lourde croix sur les épaules et des êtres que je veux protéger, je pose la croix et je reste en vie pour pouvoir aider ceux qui sont là un jour de plus. J'ai pas de désir de martyre.

Et si on marche violemment sur les arpions à Jean, je suis pas du genre à lui dire garde ton calme et rentre ton épée.

Bref, ouais, c'est quand même embêtant d'avoir lu la bible non pour le coté vraiment religieux, mais déchiffrage de la culture dans laquelle on baigne. Lire la bible, même sans croire permet de décrypter des symbôles liés auxquels certains réfèrent en masse. Se croyant comme des membres d'une société secrète malin à jouer sur des métaphores filées comme des minots qui te réinventent un code secret dans une cour de récrée.

Quand j'étais au louveteau, j'ai parti le jour où l'on nous a collé un pasteur pour nous encadrer. Il a commencé à lire la bible, et l'ambiance a commencé à devenir malsaine. Je ne sais pas si c'est lié, mais le gamin qu'il préférait et sur lequel il avait le plus d'influence, un ami, s'est suicidé 20 ans plus tard.

Là, où je vois une mauvaise influence, c'est avant un adulte qui se suicide il y avait probablement un ado de 12 ans qui allait mal. Quelqu'abus que subisse un enfant, on souhaite tous que l'enfant survive. Et, nous souhaitons tous qu'il retrouve le bonheur. Un pasteur, un guide, devrait avoir à minima pour être considéré comme un apport à la communauté donner ce pouvoir mystique à donner ceux qui lui sont proches.

Le père de Paul, un de mes amis louveteau dont le père allait à l'office disait : la religion protestante c'est le plus cours chemin pour abandonner la religion.
Disons, que l'histoire de la porte étroite (le fait que la religion ça se mérite) elle est prise au sérieux.
Donc les mecs ont tout raboté de la religion qui était du superflu : hiérarchie (centralisation papale), bling bling, se pignoler sur le vocabulaire en latin et grec.

Rien que le temple tu rentres dedans tu trouves qu'une prison c'est plus gai.

En tout cas, les plus réussi que j'ai visité dans le tyrol, avec le christ une une croix en train de tirer la tronche t'en fait des cauchemars. Y'a une esthéthique protestante de la souffrance austère épurée, au limite du dénuement picaresque que fréquente quand même pas mal plutôt du bon bourgeois.

Je digresse, j'étais là quand un rot de mauvaises mémoires remontaient à la surface, n'ayant même pas rajouter la queue de renard d'un autre pasteur qui harcelait sexuellement spécifiquement les lesbiennes issues du féminisme quand je me disais que j'avais eu des bons souvenirs.

Socrates dans l'allégorie de la caverne nous appelle à ne pas juger précipitamment, et que ce que l'on voit sur les murs de la caverne sont des impressions amplifiées, déformées par notre expérience personnelle spécifique qui ne reflètent rarement LE VRAI. On est faillible, tout le temps.

Il faut éviter de généraliser trop facilement et voir des complots partout quoi en version moderne.

Je suis d'accord Platon. Repoussons notre jugement à l'infini car accéder à un jugement parfait ne sera jamais possible.

Et alors, tu décides de rentrer dans un temple pour qu'on t'explique la Foi. Et tu t'aperçois qu'entre ta famille et l'église protestante un schisme s'est formé, sur la lecture de la bible.

Et t'as un truc culturel qui tique : les 6 principes sont écrits en latin. Mais mec, regardes ton principe sur le fait de ne pas écarter la masse de lire, pourquoi tu causes latin quand on cause tous français ?

Seul le livre, la religion est faillible : la religion s'établit sur l'agrément des coreligionaires dans la discussion éclairée et sans barrières sur les mots de la lecture ce qui est écrit.

Sans distinction de classe entre ceux qui peuvent commenter, car l'homme est faillible.
Luther tu tapes droit dans mon coeur. Pas d'autre autorité pour ce qu'il y a de plus sacré dans nos croyance que celle que nous avons nous même établie et consentie par une discussion radicalement non discriminatoire entre gens de la communauté.

Fuck l'autorité, Luther's not dead ! Luttons contre l'appropriation culturelle de la religion par les dominants !

T'avais Jésus qu'avait déjà bien assaisonné les riches dans la bible, t'as luther qui défonce le temple à coup de dock marteens pour en rajouter une couche sur fond de révolte des gueux et autres jacqueries.

Les gilets jaunes du temps jadis.

Bref, quelque part, pour moi les punks sont des anti-autoritaristes de cour de récré comparé à Martin Luther en terme de programme révolutionnaire d'abolition de l'autorité sur la culture centralisée de LA RELIGION.

T'attaquer à des bourgeois c'est facile, tu les zigouilles, puis ça repousse pas. Mais l'infuence d'une autorité religieuse établie qui a eu un succès d'expansion agressive basée sur le massacre, c'est plus costaud.

C'est dure de tuer une culture. Une culture basée sur l'importance du mot, et surtout du contrôle du vocabulaire. Genre, Jésus est le fils de Dieu. C'est une guerre sur du vocabulaire. Chaque lecteur est un livre différent de l'original, un peu comme les ombres d'un feu dans une caverne. Un peu comme dans une caverne ces ombres se renforcent ou s'annulent au grès superpositions, et crée un équilibre qui se baladent en d'autre nuaunce qu'un QCM où la seule réponse est "Jésus est fils de : A) Marie, B) Dieu, C) de l'Homme".

Moi, j'ai lu le livre, et en temps que lecteur de roman, j'ai choisi D). Joseph.

Le Keumé, y'a un truc cradoc qui arrive à une femme dans la détresse dont aux yeux de la société il faudrait l'ostraciser car elle ne sait pas qui est le père de son enfant.

Je viens de banlieue, ça me cause. Le daron, qui pose pas de question et est prêt à protéger de son dos vouté une femme aux moeurs préjugées de dissolue de pouvoir s'épanouir et élever son enfant.

La société que le livre décrit est pas tendre avec les bigots qui pourrissent la vie de gens plus vulnérables.

Et t'as ce mec, qui pipe pas mot et qui l'élève, sans poser de question sur le sang de son père, son origine, sa religion. Sans demander de contrepartie. Bienveillant, dans une société rapide à mépriser le faible.

Joseph est pareil à ce que devrait être une communauté bienveillante, qui dès le plus jeune âge protège le plus vulnérable, sans poser de questions. Qui accueille les réfugiés. (Note de bas de page : sans l'accueil des allemands, des suisses, des polonais, des danois, des scandinaves, irlandais, écossais, canadiens, ....) je n'existerais même pas. Je descend des français persécutés, tués, éxilés pendant la guerre des religions, qui n'ont rien dû à Dieu, mais hommes et femmes qui les ont accueilli sans discriminations, sans rien connaître du protestantisme ... pareil à Joseph de la bible. Si La Nature de l'homme bienveillante n'était pas établi avant l'évangélisation le religion protestante en Europe : je n'exiterais pas. Donc, la bonté humaine pré-existe à la religion luthérienne, CQFD)

Et même si Joseph ne demande pas son nom dans les crédits, il est là. Le support discret qui prend pas la lumière, comme Pierre Curie l'était pour Marie.

Joseph est l'oeuf de bienveillance sans laquelle la poule de la religion n'existerait pas. Donc, pour moi, lecteur, comme il est une condition nécessaire racine au bon déroulement de la vie de Jésus, Jésus est fils de Joseph. Il est fils de l'Homme qui accueille l'autre sans préjugés sans même connaître le message de dieu (vu que le message n'a pas encore été délivré). J'ai lu suffisemment de SF avec des boucles temporelles pour savoir que l'intrigue doit chercher dans les dépendances circulaires celle qui est minimale pour ajouter aux tensions du récit.

Donc, j'ai vu que j'étais d'accord à 50% avec les protestants sur le fait qu'on doit lire la bible et en discuter d'égaux à égaux. C'est fun d'avoir un club littéraire sur un ouvrage suffisemment distribué pour qu'on puisse même faire des blagues "universelles" (universel = catholique en grec).

Mais, le coup de me dire qui sauve qui dans livre, t'es plutôt protestant ou catho ? Je suis d'accord avec aucun des deux.

Tu vois mère grand, la dernière à avoir été au temple elle disait non seulement souviens toi de la St Barthélémy, mais aussi : Jésus reviens sur terre pour demander le pardon d'un Dieu de violence.

WUUUUTTT grand mère ?

Ben tu vois tome I, dieu il est un peu à intervenir brutalement et à cautionner des génocides de population et des trucs un peu violents. Tu vois Jésus, il est sympa, non violent, miséricordieux. Il donne une meilleure impression que tu vas vivre dans une société de paix et amour que quand son pater est au commande et que ça guerroie à tout va. T'as plus envie d'écouter le fils que le pater. Surtout que mère grand il avait des mémoires des bombardements sur St Laz, elle habitait à 150m des cibles des mosquitos. Ca a peut être un peu biaisé sa lecture ses histoires de guerre.

Mais en fait, t'es protestant, la bible tu la lis comme tu veux avec tes biais. C'est okay. C'est Luther qui l'a dit. Article 4 à 6 de la foi protestante. Toute interprétation est également valide.

Et c'est là où je m'aperçois que car j'ai la partie anti-hiérarchie du protestantisme solidement engraînée, je ne pourrais JAMAIS accepter les articles 1 à 3.

La porte étroite de la foi luthérienne est tellement étroite que je m'aperçois que même pour moi elle est inatteignable. J'ai l'impression que comprendre l'absolument contradictoire injonction protestante à à la fois critiquer toute tentative d'établir des impératifs d'interprétations, et en même temps établir des tabous d'interprétation. C'est une porte si étroite que je ne peux la franchir.

Je vois dans le luthérianisme une beauté étrange et auto-destructrice épurée, mystique instable pareil au yin et au yang accessible à une minorité dont je ne fais pas partie. Je vois la beauté de la chose, mais je ne suis pas convaincu de me bouillir la rate au bouillon pour une assertion logique qui n'est pas auto cohérente.

Par contre, les articles concernant l'établissement d'un savoir commun, d'établissement de la concorde d'égale à égale, de rejeter l'autorité, je suis pour...
Je trouve même que c'est ce qu'il y a de plus révolutionnaire et mystique dans Luther. La foi que l'Homme pourra accéder à la vrai foi, non en croyant les élus, mais en se réformant eux même. Le Dieu qui a foi en l'Homme et le rachète de ses péchés dans le luthérianisme, c'est Luther lui même.

Le premier écclesiaste à avoir dénoncé la main mise de l'église sur le comment penser, à avoir proposer une méthode contre révolutionaire culturelle.

C'est un che guevara de la guerre culturelle. Epurer au maximum les idées, baisser les barrières d'adoption (prix, langues), et faire des cellules décentralisées autonomes coopératives.

Je viens d'un coin, où les Guises et les Condés massacraient, et détruisaient les chrétiens qui critiquaient les riches à coup de canon avant que ce soit la mode (genre 1500).

Parce que bon l'image d'épinal comme quoi la vie est un long fleuve pacifique pour les cathos de france est un peu fausse.

Les communautés chrétiennes de France n'ont pas toujours été sous l'autorité du pape. Il y a eu des opérations d'OPA sauvage de communautés qui se voulaient autonomes mais n'avaient pas forcément ni l'influence politique ni militaire pour résister à l'injonction papale de s'affilier à leur Eglise. Genre la communauté de St martin, une communauté à la Emmaüs avant que ce soit à la mode.

Puis il y avait, les influences étrangères, comme McLeod (Maclou, Malo, leu, loup...) le prophète celte ... puis toutes celles dont on a plus d'autre traces que les fondations de 29 églises distinctes dans un patelin de 10 000 habitants. Tellement plus que nécessaire pour fournir la demande que tu comprends que l'offre en variante de la religion devait être à son max.

Tu veux mon christianisme ? Celui avec du culte des rivières, du pauvres, de la communauté autogérée d'entraide ?

Allez, viens choisir à quelle sauce tu la veux.

J'aurais bien voulu voir ça, ça devait être fun.

Voilà, je suis déçu, je sens que l'offre en spiritualisme de notre époque historique ne convient pas à mon attente d'une religion un peu fun, prônant l'émancipation, la fète, l'entraide, de tout faire péter, de péter un grand coup et d'aimer la vie et la joie et d'appeler un connard un connard.

Mon Dieu existe, ma croyance existe, j'ai foi dans nos capacité à nous réformer si on se met autour d'une table pour discuter sans discriminations.

J'ai foi dans un monde que les hommes dirigent d'égaux à égaux, qui a le droit d'interpréter les mots, les livres, les lois comme bon leur entende. Un club de lecture ouvert, où tous et toutes participent à interpréter la loi qui nous gouverne.

Luther comme Calvin étaient faillibles, c'était des connards, mais il ont quand même eu quelques belles fulugurances, transmises en rappelant avec le destin de leurs créateurs, que l'humain est faillible. Mais, autant j'aime bien les hommes, et une part de leurs principes, autant j'ai en même temps une allergie.

Mon périple mystique me semble terminé. Par la réalisation qu'il n'y a point de salut si on préfère la foi dans la religion lointaine en celle dans l'Homme mon voisin qui a accueilli ma famille sans se soucier de sa religion, sa langue, son origine.

J'ai enfin compris où j'étais face à la religion : je lis les livres sacrés comme des romans, et je vois pas pourquoi ma lecture serait plus absurde qu'une autre. Et personne me dira comment et ce que je dois en penser, c'est Luther qui l'a dit : Anarchie dans la bibliothèque !

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