Déjà on sait peu de chose sur Sisyphe, même les mythes sont flous sur le perso.
On sait juste que l'on doit trouver effrayant comme supplice de se retrouver un matin à rouler un roc au sommet tout les jours...
Pas de question ... suspension of disbelief. Le truc littéraire violent où tu abolis le jugement commun en disant c'est comme ça.
Et tout le monde discute de ce que le mythe signifie, de quoi il est la parabole, alors que juste non !
Je ne vais pas accepter en lemme que le mec décide de pousser un rocher de son plein grès, et va le faire toute la journée sans chier, sans boire, sans manger tout les jours sans raisons.
Il faut être con au delà de la connerie humaine.
Déjà pour que ce soit un supplice, Sisyphe doit se réveiller avec la mémoire des jours précédents. Sinon, il manque la part de renforcement de la douleur propre à générer l'effroi chez le lecteur empathique...
Mais j'ai pas d'empathie pour un mec qui se dit sans raisons qu'il va pousser le rocher et se faire souffrir.
Alors je ne sais pas pourquoi le narrateur est aussi fainéant, mais tout juste sait on que Sisyphe a enfreint le vrai tabou suprême de la croyance greque : vouloir échapper à sa mort sur terre.
C'est le péché d'orgueil primitif : celui de ne pas accepter à notre sort de la mortalité. La jeunesse éternelle est dans la mythologie grecque primitive au panthéon. Incarné par la figure de la trinité de la vieille grise (les parques, les bienveillantes) ...
Tu vas crever, c'est ton destin, c'est ma religion.
#Yolo.
Donc Sisyphe a enfreint le tabou, ce qui va entraîner la situation que Pratchett décrit de quand la mort prend sa retraite.
Pratchett, toi t'as lu les mêmes livres que moi, hein?
Donc, tu vois, il y a une ironie dans le supplice de Sisyphe, voir un bug.
Quelque part, Sisyphe, on ne lui aurait pas donné ce qu'il veut ?
La jeunesse éternelle ?
Qu'il en bave ou pas, tout les matins il se réveille avec une condition physique permettant à minima de rouler un rocher.
Moi, à mon âge, tu me demande pas ça. Je ne suis même pas sûr que je l'ai jamais eu, et je ne l'aurais jamais.
Le mec se réveille en condition physique cheatée, tout les matins. Désolé, mais pour pas mal ça ressemble à un buff bénéfique cheaté.
Si il développe un penchant masochiste (étant donné qu'il a une mémoire du supplice passé et à venir vu que sinon ce ne serait plus un supplice) alors il sera heureux.
Même si le narrateur rajoute une touche perverse de retour de la mémoire au dernier moment, Sisyphe gagne toujours à la fin.
Il existe un espoir même dans le supplice éternel de pouvoir se glisser dans le flou de l'interprétation et d'en faire une victoire pour Sisyphe. Sisyphe peut -en se réformant dans la perversion- transformer un epic fail en ultimate win.
Je m'explique, la seule chose qu'il ne faut pas donner à Sisyphe comme supplice c'est la peine éternelle. Car le tabou qu'il enfreint c'est la vie éternelle.
Revenir de la mort.
Hey Dieux, regardez : il est vivant : trollololololol.
Chers dieux, moi le tabou que je veux enfreindre c'est l'orgasme éternel, vous voulez pas m'envoyer aux enfers ?
Sysiphe en fonction de sa personnalité il peut comme dans un jour sans fin tenter de changer la routine ?
Le truc flippant chez Sysiphe c'est qu'à ce niveau je fais ce que l'on me dit sans réflêchir alors que ça m'en coûte on croirait un cadre du privé moderne.
Le mec il tente jamais un truc tellement il est dans sa boucle de routine, alors qu'il sait qu'elle va lui faire mal.
Mais, j'en connais des cadres, eux, qui ressemblent à Sisyphe, mais eux au moins, ils font des pauses de 5 semaines par an.
Le vrai mystère dans Sysiphe ce que les mecs trouvent que ça ressemble à un supplice. Si Sisyphe fait ça, c'est qu'il aime ça.
Je crois que les gens sont un peu confus dans leur carte de l'outre monde et où supplices et champs élysées sont vraiment situés.
Sysiphe c'est le saint patron de ceux qui croient dans la jeunesse éternelle, celui qui prouve qu'il existe une porte étroite pour vivre éternellement doué d'une force sur puissante pour peu que l'on croit dans l'existence des Dieux.
Le mec qui te fait un sourire colgate pouce bleu sur tiktok pour te dire : si tu veux tu peux.
Ben vi, t'es cheaté à la naissance avec du sperme divin collé dans ton ADN, et tu sers d'exemple de supplice qui peut frapper n'importe qui pour être omnubilé par un truc dont la plupart s'en foutent.
La plupart des plébéïens dépensent pas d'argent en chirurgie esthétique. On vieillit puis c'est tout. On s'accepte comme on est, donc on a nul envie d'aller voir les dieux : c'est trop d'efforts, et puis on a nos joies terrestres qui valent le coup.
La seule chose qui me dépasse vu comment ce mythe est stupide c'est qu'il soit encore discuté. C'est un paradoxe où la punition est la récompense ultime.
Pourquoi pousse-t'il ce rocher ?
Pourquoi ne dit-il pas fuck aux Dieux et décide de gambader dans la Nature ?
Le mythe est un bikini, il nous cache l'essentiel, ce qui se passe sous le crane du damné, ses conditions de labeurs. Et sans cela, il est dur d'appeler ça un supplice.
On ne sait rien de Sisyphe et il faudrait le plaindre, et croire sur la parole d'un témoin imaginaire qu'il serait malheureux ?
Ce mythe évite le plus important dans l'histoire : ce qui tient la crédibilité, la motivation. Ce qui a entraîné le choix de ses actions. La balance entre les circuits du plaisir de vivre et de la chose qui le terrifierait, et probablement loin dans son crâne un retentissant " OUAIS, J'AI CHEATE LA MORTE !". Sans cela c'est un mythe sur un golem, un automate, un robot dénué de ce que les Dieux craignent le plus dans les Hommes : le libre arbitre prométhéen.
Il est impossible d'empathie pour celui dont on ignore les émotions, ce qui pousse ses choix immédiats et c'est ce qui manque à cette histoire pour en faire un plat consistant. Elle est absurde et n'illustre rien de la Nature humaine comme beaucoup de penseurs le prétendent puisqu'au final ce n'est qu'un mythe sur la croyance dans un au delà où les âmes vivraient éternellement jeunes. Peut être même sous forme de mythe. De la croyance que les sado-masochistes vivront éternellement heureux aux enfers.
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