Assez souvent, dans les journaux, sur les réseaux sociaux, je vois les journalistes français qui sont objectivement détestés et détestables ramener la cause de leur détestation à la montée du populisme et des dictatures.
Si il est vrai que les dictatures et le populisme sont la cause de la mort de moults journalistes méritants à l'étranger, les journalistes français feraient mieux de se la fermer : on les déteste parce qu'ils ne savent pas parler français, que ça nous blesse, et fait le jeu des autoritaires et populistes en France.
L'explication sociologique d'entre soi de CSP+ privilégiées et de fabrique des élites est gentille, mais elle consomme trop de salive.
Le vrai problème c'est qu'ils tordent le sens de mots important chèrement acquis, et font ainsi dégénérer des vertus en vices.
Ils parlent de charge sociale pour les salaires différés. Présentent l'homéopathie comme une science, ou un bousin avec une utilité quelconque, ils parlent et laissent parler de valeur chrétiennes pour dire l'opposé, de travail pour la richesse héréditaire, et ont une analyse politique à l'inverse de celle de la Nation.
Si on rajoute l'horripilante tendance des journaleux à utiliser des faux amis anglais en français dans le texte pour aboutir à des contresens tout en disant pédantiquement qu'il vous nous dire ce qu'il faut savoir, on a envie de leur dire, qu'on a déjà un cerveau qui semble marcher mieux que le leur.
Pour le fun, à la coule (à la cool en fr journalistique) voici un vademecum des mots de franglais (hors les horreurs qui ne sont ni de l'anglais ni du français) qui aboutissent à des contre-sens :
Mots de journaleux | Sens supposé | Sens Réel | Exemple |
---|---|---|---|
Evidence | Preuve | qui n'a pas besoin d'etre prouvé | L'évidence du dopage de Lance Armstrong (20 minutes, l'équipe, le monde) |
Sympathie | compassion (sympathy for the devil) | être à la coule spontannément avec des gens, relâché | Nos présidents font preuve de sympathie à l'égard de victimes d'évènements tragiques à l'étranger (lemonde....). Les présidents français sont des bâtards ! |
Challenge | C'est un putain de | défi d'utiliser les mots français? tabernâk! | Les anglophones adorent placer défi dans leur prose |
burn-out | fatigue extrême lié au surmenage professionelle | Le truc appelé fatigue professionnelle dans les ouvrages de prévention des accidents du travail au début XXé siècle | ... |
Jogging | les mots anglais sweat pants ou to run | Pantalon de sport, ou corrir | Sarkozy pratique le jogging pour rester en forme ... |
Et tout anglophone vous dira What the Fuck France! en découvrant tout ces mots qui sonnent anglais, mais ne sont pas anglais (comme dire un dressing pour ce que les anglais appellent garde robe), voire l'idiotie de rajouter une couche d'anglicisme sur un mot français : compter fleurette => to flirt => flirter. Au moins vous pourriez l'écrire je sais pas .... fleureter ?
D'un coté comme de nombreux français (dont des frontaliers, expats, immigrés...) je suis pas bilingue en anglais, mais je le parle tous les jours. Donc un mec qui sort de Science Po, qui titre sur comment je dois penser un truc, et qui parle mal français parce qu'il utilise mal des mots anglais, ça me câlisse en estie.
C'est pas comme si Belges, Suisses, Africains, Québécois n'étaient pas capable de se débrouiller sans anglicisme.
Les québécois c'est dix fois moins peuplé que la France, largement moins d'universitaires et de savants, mais même si l'anglais les contamine :
- d'une part même quand ils emploient un mot anglais, ils l'utilisent pas en contresens
- d'autre part, ils savent trouver des substituts à des mots anglais
Spoiler devient divulgâcher par exemple.
A tous les journalistes qui ne savent pas utiliser Google c'est à dire apparemment tous, je leur fais l'insulte de leur proposer de se référer au référentiel d'équivalent français anglais fait par une Nation au taux d'éducation 10 x ingférieure à notre beau pays la France : Le grand dictionnaire terminologique (GDT) Office Québécois de la langue française
Là j'aborde même pas le fond du sujet, que je me sens chaud bouillant, parce que les journalistes Français qui sortent d'école qui se piquent de faire des gens savant n'entravent pas que c'est hyper grave de changer le sens des mots en leur opposé.
Le mot chrétien est devenu catholique dans leur bouche, libéral est devenu monarchiste ... derrière chacun de ses mots il y a des gens qui sont morts, une personne en France qui est littérallement insultée, bafouée, traînée dans la fange du mépris.
Un chrétien c'est un mec qui après avoir lu la Bible s'est dit, ce que ces gens font c'est l'opposé de ce qui est écrit, je ne rejette donc pas la fois, mais l'Eglise et toute sa hiérarchie. Je rejette l'existence d'un dieu de violence pour accepter un christ de compassion.
Hé putain de journaleux de mes deux, les protestants sont chrétiens par opposition au catholicisme, à l'origine de la tradition chrétienne de rejeter l'église (sans rejeter la foi), de rejeter la superstition religieuse, et de la séparation de l'église et de l'état.
La tradition protestante française c'est grosso merdo, tout sauf Paris. La Rochelle, les Cévennes, le Sud Ouest, les Alpes, les Pyrénnées, une partie dans les DOM TOM, le Nord ...
Le libéralisme français, celui du siècle des Lumières, c'est le rejet du mérite de la naissance, de la richesse par le patrimoine héréditaire, et la volonté de faire une société basée sur le respect de l'industrie de chacun. Vous pouvez pas comprendre, le libéralisme voit son origine dans le protestantisme, chez les huguenots qui sont partis et revenus en France
Si vous me croyez pas, relisez le monologue de Figaro (Acte III s V) et vous allez voir que chaque numéro du Figaro est en contradiction avec les idées qu'il est sensé représenté. Je vais reconnaître aux journalistes du Figaro qu'ils ont sur le plan de l'usage du français la meilleure rédaction. J'ai le plaisir coupable de lire parfois le Figaro pour le style (et non le fond).
Le figaro est à l'image de toute la presse française : un ramassis de Joe la Science pédants qui sont fats, vaniteux et aussi éclairés qu'une sonde de coloscopie en usage.
Okay, je mens, j'ai aussi du plaisir à lire le midi libre (pour le style simple et clair). En fait, je préfère souvent la presse régionale à la presse nationale pour l'écriture.
Vous voyez, les mots ont un sens, et de même que quand sous Louis XIV les Nobles ont introduit l'idée qu'ils n'avaient à justifier de rien parce qu'ils travaillaient (alors qu'ils branlaient rien) et traitait les ignobles (non nobles) de fainéant, ça a limite tellement énervé les gens qu'ils ont fini par couper des têtes.
Donc, journalistes français, le recul de l'amour des français pour leur presse à l'inverse de partout dans le monde, c'est parce que vous soutenez les couilles des populistes et autoritaires tellement vous êtes des brelles dans ce qui est sensé être votre métier, lire et écrire en français.
Donc oui, quand je rencontre un journaleux j'ai toujours envie de lui placer une caresse amicale derrière la tête (au sens journaleux, pas française de france)
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