Il était une fois
Un ado qui gribouillait sur les tables et dans ses cahiers et à qui ça ne suffisait pas, alors, parfois le soir, il sortait la nuit en déjouant la maréchaussée, pour pocher les murs de sa ville en rencontrant les autres tribus : grapheurs, punks & co.
Ce même ado travaillait à une scène nationale tantôt au bar, tantôt à la ticketterie, tantôt à déchirer les billets. Là j'étais au cœur de la culture : j'y voyais les profs qui sélectionne par la culture s'assurer de leur avantage dans la course culturelle, j'y voyais les proviseurs qui juraient que ce serait bien que la police mette en cage les sauvageons qui pochent les murs de la ville, et les artistes parler de tout sauf des graphs ou pochoirs dans la ville où il se produidait.
Voyez vous, cette idée qu'il faut définir un mot de manière univoque comme culture ou artiste, me pète les couilles.
Sûrement un biais de l'électronique où l'on bâti des monstres de déterminismes en ayant une valeur logique dans nos circuits qui est H ou Z, la valeur haute impédance, ou encore « indéterminée ».
Je vous garantis que l'on peut construire des édifices logiques stables en acceptant des valeurs intermédiaires instables.
Autre chose dont j'hérite de la physique et de refuser d'abstraire les mots, pour aider les gens à bâtir une intuition, comme Feynman le préconise dans son essai sur les mots, je pense que c'est important de les relier à l'expérience, et la seule dont je dispose est personnelle.
Donc, pour moi l'art et la culture c'était le théâtre : le lieu où il était autorisé de produire son art. Tu pouvais même mettre du porno accessible aux ados c'était ok, c'était de la culture.
Celle où il y avait le maire, le conseiller à la culture, la presse, le proviseur du lycée que je pochais. Le monde de l'art dont je n'étais pas ignoré dans mon rôle de loufiat qui servait, tout juste bon à faire agent de sécurité quand ils avaient peurs que les beurs du quartiers foutent la grouille dans leur bambas bien blanche.
Le monde dont je ne faisais pas parti, sauf à aimer être larbin.
De l'autre, dans une ville où LSD, ludwig 88, les bérus, les garçons bouchers, la mano ont quasiment faits leurs première scènes à 20m du théâtre où je travaillais. Toute la cavalerie du rock alternatif.
Pour moi, c'était l'Art, la Culture de l'air du temps. Au lycée, quelque soit la tribu musicale, on écoutait du rock alternatif. Et les pochoirs faisaient partis de cette culture.
Ce lien vidéo vers l'émission de ciel mon mardi représente avec Dechavane l'avis même qu'avait le monde de la culture avait quand il n'ignorait pas ce courant.
Alors je sais qu'il y a en banlieue quand je cause avec des gens hors du milieu artistique parfois des échos du fait que l'on prenait les bombes non pas pour faire des zolis dessins mais aussi pour revendiquer.
Vous savez qui vous auriez pu croiser à ces concerts à la maison de quartier des Louvrais ? Charb. Vous savez qui vous n'auriez pas croisé ? Mézigue, car j'empêchais les turbulents des concerts de punk de polluer mon travail à la scène nationale.
J'ai loupé rétrospectivement des concerts de fous.
Allergies
J'appelle allergies quand on a des dissonnances cognitives sur un même sujet et que ça gratte le cerveau à en faire mal.
Une de mes premières névroses, c'est d'avoir été ami avec Redouanne (paix à son âme), et qu'il est surtout été retenu comme champion de kick boxing.
C'était un chouette artiste qui faisait des belles fresques murales (graphs) en style hip hop. Et on a conservé aucune reproduction de ses fresques.
Certains critiquaient l'usage du mot art pour des dégradations publiques ....
On se croisait presque la nuit dans la ville. « Son art », aussi, effacé.
Qu'est-ce qu'un art si il est effacé, considéré comme un délit, voire régulé ?
Quand je vois les graphs dans le style hip hop à la gloire de Napoléon qui a rétablit l'esclavage, je me dis que si ça avait été redouanne, il serait repassé couvrir cette merde.
C'est pas une question d'ART, de style, d'execution, c'est une question de message et de GUEULER.
Napoléon, c'est un putain de connard qui a rétabli l'esclavage, on le sait à Pontoise on a la statue de son beauf enfant du pays qui a été envoyé commettre des crimes de guerre en Haïti.
Le général (d'Empire) Leclerc ... avec son score de 75000 antillais butés bien mis en évidence comme un fait héroïque.
Vois tu, comme mon père avant et d'autres après, dans notre CULTURE ORALE, on a transmis que c'était okay d'aller repeindre les couilles du général.
Entre deux pochoirs, hop, un petit coup de bombe jaune fluo sur les couilles du général pendant que la voiture de police tourne à l'angle de la rue Carnot nous laissant le temps de prendre la tangeante.
Alors, un jour alors que je m'engraînais avec un artiste sur qu'est ce que l'Art, je lui ai sorti le lien avec la photo fort impressionnante de la dernière repeinture du Général et il m'a sorti d'un coup, que repeindre les couilles du général leclerc faisait de moi un artiste.
Vous allez me dire que je pue l'artiste raté en mal de reconnaissance et que ça aurait du me faire plaisir.
Mais nan, moi j'aime pas l'Art, j'aime GUEULER et je suis prêt à tout pour être entendu, et il semble pour lui que les centaines de pochoirs effacés, qui n'ont pas connu une photo pour les immortalisés ne sont pas de l'Art ?
C'est vrai ça, doit on séparer chez un combattant les défaites des victoires ? Ne devrait on pas avoir en nous de l'estime pour les rocky balboa de la culture qui n'achève la gloire ephémère d'un article de presse de l'écho régional outré qu'une statue publique est été victime d'un acte délictuelle face que d'un seul coup il devienne artiste aux yeux de l'artiste véritable ?
Bouclant encore une fois sur le questionnement entre « LA » culture reconnue, et celle du dessous qui sort de son état de « délit » quand elle permet de faire une belle photo dans la presse régionale.
Finalement, mon ami l'artiste alternatif qui m'explique que l'Art ne consiste pas uniquement en ce qui est « reconnu » par une tierce partie, publié, me donne le crédit du statut parce qu'il y a une publication. L'art n'existant que par adoubement de la presse, fût ce dans les faits divers coincés entre deux délits bénins qui menacent la tranquilité de la ville.
Et là je m'énerve.
Parce que ça fait écho à quand je faisais du logiciel libre et que l'on devait discuter avec des artistes de pouvoir intégrer leurs contenus à nos logiciels. Genre de l'art libre avec une licence qui permet la redistribution, l'étude, la modification, la copie.
Et là, on se prenait un vent des « artistes alternatifs ». Parce que voyez vous eux produisaient un contenu « gratuit », et nous un contenu « utile ». Et donc, on était pas dans une démarche artistique et donc qu'ils pouvaient pas renoncer à leurs droits comme on renonçait aux notres.
J'éxagère à peine la bonne dose de mépris qu'on se prenait. Et moi comme un bênet de répéter attends mon coco, les conclusions de l'OMPI sur la protection internationale par droit d'auteur du logiciel c'est que justement le rapprochement avec le cas des artistes.
Je m'en fous de ce statut pour être honnête, c'est juste que j'aime pas avoir la même étiquette que des gens avec « ce statut social » qui m'ont cassé les couilles toute ma vie. Je me reconnais dans tous les autres auxquels on dénie ce statut dans le périmètre de mon expérience et qui pour lequel fût ce un livre, du code, un post de blog l'expression importe pour ce que l'on gueule et non la reconnaissance sociale que l'on en tire. C'est épidermique.
Névrose aussi parce qu'autant les critiques d'Art passent leur temps à se branler sur l'expression, mais en oublie de porter un message.
Si l'artiste a pour Beruf de bien s'exprimer, moi j'ai pour Beruf de bien gueuler. L'expression n'est pas une fin, mais un moyen.
J'ai même du code qui est du code de « rant », comme par exemple POURQUOI ENSEIGNER L'OBJET EN PYTHON AVEC LA CLASSE POINT2D QUAND ON A LES COMPLEXES ? SCREUGneugneu.
Donc ouais, il existe une classe sociale que l'on appelle artiste que l'on a jamais vu quand il s'agit de peinturlurer le général leclerc (boucher des Antilles) qui m'énerve.
Et je veux pas être identifié à cette caste que j'ai un peu trop fréquenté à mon goût souvent coincé avec leurs meilleurs potes les profs, les politiques et les journalistes.
À un moment étrange de notre vie politique où la nuée brune du capitalisme contamine nos tribunes publiques, il est temps de regarder quelles forces sont tombées sous les sirènes de Pluton du coté obscur de l'idéologie.
Et au niveau résistance à l'influence culturelle trumpiste, nos pros de la culture, ils sont pas là. Si ils sont là, mais dans termes tellement barrés que personne les entends.
Je ne critique ni iels ni ceuzent qui réinventent la linguistique, mais des fois faut revenir au base et d'abord gueuler et ensuite s'interroger sur la bonne manière de le faire respectueuse de tous et de la loi.
Les artistes ont malgré leur cœur de métier dans la culture, ont été paradoxelement les premières victimes d'un phénomène d'acculturation néo-libérale de leur métier me fait on remarquer. Et ils se plaignent.
Bien, je veux pas critiquer, mais on dira qu'ils étaient pas si bien armés que ça face à une menace culturelle. Leur culture est utilitairement faible quand il s'agit de résister face à une menace culturelle. #fail
Et autre truc, ce que je le fais, je le fais en complémentaire de ma vie. Comme un hobby. Ce n'est pas et je n'envisage aucun futur en ce sens une chose dont je souhaite vivre.
Je ne souhaite pas être invité aux cocktails où je faisais serveurs pour faire se rencontrer le gratin des notables et de la culture.
Je ne souhaite pas non plus une entrevue et la reconnaissance de ce que je fais.
Et au dessus de tout, je ne souhaite plus jamais vivre entouré de prêt ou de loin par le monde cutlurel et artistique.
Je pisse à la raie de tout ce qui est Art ou Culture.