J'aime le grec ancien, j'aime étaler ma confiture hellénistique : l'économie ça cause d'échanger des ressources, entre nous. Potes ou ennemis.
Quand l'économie va mal, les échanges diminuent, quand elle va bien les échanges augmentent, mais le pire -surtout quand on est pas auto suffisant- c'est quand les échanges disparaissent.
Tiens imagine, t'as comme dépense incompressible le blé. Pas le froment, le blé.
Et t'as les 5 plus gros fournisseurs mondiaux qui disent nop, t'en auras pas. 2 sont en conflit et sont soit sous déni de relation commerciales soit sous l'effet de la destruction de leurs infrastructures, l'un subit une crise d'émeute de la faim et refuse d'exporter, un autre se prend une sécheresse. C'est pas de chance. Mais cette année les échanges sur le marché du blé (dur) vont être sacrément réduits.
Vous pouvez invoquer le fiduciaire (fiduceo = j'ai confiance) ou votre crédit (credo = je croie) sur le marché du blé en disant que vous avez renoncé à cultiver du blé car on vous a dit que c'était une bonne idée, mais quand il y a plus de blé, y'a pu de blé. Et le blé, c'est pas impossible, mais dur à substituer. Surtout en récession quand investir (au moment où l'on en a le plus besoin) devient le plus dur (car en récession le prêt devient plus dur à obtenir).
Donc, la Chine, la Russie la Biélorussie qui arrêtait l'export d'engrais c'était chaud. Mais là on a le blé, la moutarde, la brame d'acier, le tournesol, l'huile de palme dans les tuyaux des produits qui deviennent à terme quasi absent des marchés.
Je ne dis pas trop cher, je dis que moult produits deviennent présent en quantité homéopathique sur les marchés. Genre Michelin qui ne peut plus produire de pneu et est à l'arrêt car il arrive pas à trouver de noir de carbone.
Bref, je ne dis pas que la mondialisation est absolument un mauvaise dogme, je dis que relativement à la situation actuelle qui est pour le moins incertaine c'est plutôt pas la meilleure idée.
Notre croyance dans l'existence d'un marché où les autres vont échanger des produits qui leurs sont potentiellement vitaux pour éviter les instabilités est un dogme, une superstition, une croyance.
Prenons le cas de l'Inde ou plus récemment du Sri Lanka un pays un poil corrompu qui traverse mouvements sociaux pour la récolte du thé et émeutes de la faim. Si, ils exportent et ont des troubles, ils ne peuvent plus exporter d'autres biens (thé, cortisone, riz) et la crise s'aggrave, il est donc dans l'intérêt des marchés que les pays n'exportent pas, mais d'autres de nos fournisseurs (maghreb) ont besoin de blé. Si le marché devient déficient pour d'autres, surtout pour des ressources importantes dures à substituer alors, le marché peut aussi disparaître pour d'autres ressources.
Le marché est très fonctionnel quand il s'agit de gérer les excédents globaux, mais il marche moins bien pour allouer la ressource en cas de pénurie. Si on laisse les riches faire pendant une pénurie : ils achètent la quantité dispo sur le marché et usent de la rareté pour faire des profits. Un peu comme avec les tickets de concert pour un festival. Si on leur fait une remarque ils diront c'est immoral mais pas illégal, et si c'est pas moi qui le fait ce sera un autre. On aura aussi un couplet sur l'investissement nécessaire (mythonné aux petits oignons) que la spéculation prétend faire.
Cela revient à créer une situation mondiale généré par le marché où seul le plus fortuné a le droit de vivre.
Ça passe peut être dans certains pays comme en Europe ou Amérique du Nord, mais, ça passe moins bien dans d'autres cultures. Même si l'Inde refuse de vendre son blé sur le marché global elle est en discussion avec des pays dépendant directement du blé comme l'Égypte pour lui vendre du blé en direct sans l'intermédiation du marché.
Et l'Europe, la Russie, les Yankees sont en train de hurler que c'est pas bien.
Ben vi, l'Inde est en train d'établir un précédent mondial en établissant qu'elle pense pouvoir gérer mieux que les « marchés » l'exportation de ses ressources et se met au commerce par accords de gré à gré sans passer par les plateformes européennes/américaines/asiatiques.
Donc voilà, NOTRE économie existe que tant que NOTRE argent a cours. L'économie peut tout à fait se réorganiser sans nous. Du point de vue du reste du monde l'économe peut exister sans nous.
La Russie peut décider de refuser de nous vendre des matières premières (ce qu'elle fait depuis un an pour les engrais, de même que la chine). Certains de nos partenaires comme l'Algérie pourrait tout à fait arrêter de nous fournir du gaz en échange de blé dur... Et la Russie toujours nationalise les actifs, usines, infrastructure que les entreprises occidentales ont laissé sur place depuis l'embargo économique.
Ce à quoi on pourrait assister est la disparition de l'âge d'or de la financiarisation de tout les marchés. Le fait qu'il va falloir négocier les ressources non sur les marchés avec des traders mais avec des diplomates qui négocient avec des états réaffirmant leur primauté sur le contrôle de leurs ressources et de leurs productions. Il n'y a pas besoin d'être communistes pour avoir une économie dirigiste. Les époques féodales européennes et asiatiques sont des exemples de dirigismes économiques.
Rappelons que le méa culpa colonial occidental est inexistant, et que les conflits mondiaux ont résulté dans les colonies dans des famines et épidémies meurtrières qui en Inde, en Afrique, en Asie ont fait des millions de morts. Autant voir plus que les chambres à gaz, mais on ne parle pas de ces crimes de guerre car c'était des pauvres et selon la logique coloniale des êtres inférieurs. La 2é guerre mondiale a fait entre 2 et 3 millions de mort au vietnam, la famine de 1943 au Bengale 4 millions, si on ajoute la Chine, l'Afrique ... on dépasse la pile de cadavre de la Shoa. Mais devoir de mémoire obligent, on oublie ces morts, car l'étalon de la mémoire est celle du tas d'or réel ou supposé des victimes, et puis c'est la guerre. C'est pas de chance.
Mais, c'est un peu resté dans leur mémoire, l'histoire de LEURS civilisations, vous-voyez ? Et ces pays savent comment nous arbitrons toujours en notre faveur et celle de nos plus fortunés quand les temps sont durs.
La timide réaction des pays non alignés au conflit ukrainien a été le fait de la défiance. Les pays africains ont clairement dit qu'ils se défiaient des puissances occidentales. Dès le début, ces pays souvent consommateurs de blé dur ont bien vu que le conflit russo ukrainien sentait les émeutes de la faim pour eux, ils ont constaté le traitement raciste du statut de réfugié, et ne voient pas forcément les guerres comme des évènements glorieux avec des gentils contre des méchants.
Ce que tout le monde voit, c'est que la colonisation est 300 ans de guerres globales par les européens a vidé les sols occidentaux et de leurs dominions de ressources et minerais. De plus, comme tout empire, les occidentaux favorisent le négoce à la production, car c'est dans la logique d'optimisation économique d'un empire de spécialiser les production des régions. Ça permet des économies d'échelle qui rendent celui qui contrôle le marché plus à même de faire des bénéfices. C'est notre modèle économique civilisationnel : celui d'un modèle d'empire avec une union douanière.
De plus, un truc que vous avez oublié c'est qu'avec la récession vient : les guerres monétaires.
Quand l'inflation augmente, les salaires augmentent, les épargnes fondent, mais surtout la monnaie se dévalorise comparées aux monnaies des pays avec moins d'inflations. Plus l'inflation augmente, moins pour 1€ constant vous ne pouvez acheter de ressources ou matières premières. Le jeu est donc pour les banques centrales de dévaluer le plus tard possible, le moins possible. Ceci au détriment du pouvoir d'achat des modestes et de leurs épargnes.
Ce qui est un bon calcul, si tu es avec la monnaie la plus forte, peu importe que le marché tangue, si ton pouvoir d'achat augmente comparativement aux autres, tu peux toujours acheter plus. Ça marche si le peuple est pas déjà en situation critique financièrement comme dans moult pays du monde (amériques du sud, sous continent indien, afrique du nord, une partie de l'asie du sud est) où la dévalorisation a déjà démarré pour permettre aux économies nationales de respirer. Mais le problème, c'est que ces pays ne peuvent dès lors plus faire face aux émeutes de la faim en s'approvisionnant sur les marchés. C'est par anticipation que contrairement au dogme économique du 0 stock des pays comme l'Égypte font des stocks. Ils ont 8 mois de stocks en produits alimentaires qu'ils viennent de compléter en achetant en direct 500 000T de blé à l'Inde. Quand on est pauvre et qu'on anticipe l'inflation ou la pénurie : on fait des stocks.
Donc, un élément important des marchés, c'est qu'on fait appel aux marchés tant qu'il y a stabilité, car là on peut faire ses courses un peu à l'avance. Seulement, que ce soit en Inde, au Canada, en Afrique, en Eurasie ou Afrique, les conditions météos rendent incertaines le futur des récoltes, ce qui fait que les réassureurs donc les assureurs commencent à paniquer. Le risque à cultiver est en train d'augmenter, et même assuré si l'assurance ne couvre pas (cause inflation) le dégât d'une perte de récolte ou de cheptel, alors les gens ne peuvent plus s'assurer. Si l'assurance coûte trop chère elle dissuade les comportements prudents soutenables, et participe par sa croissance à l'inflation (non productive). L'agriculture pourrait devenir une activité trop risquée économiquement à terme pour être pratiquée économiquement. Lol.
Notre économie pourrait s'effondrer avec notre civilisation hédonienne qui comme une cigale préfère chanter tout l'été sa beauté supérieure que se préparer aux impacts d'une pandémie, du dérèglement climatique, d'une possible multi-polarisation du monde des échanges qui passerait non plus prioritairement par les marchés, mais par des contrats de gré à gré d'état à état où le diplomatique compte autant que le prix. Dans un tel contexte, sans usines de transformations, sans matières premières, avec des titres de propriétés dans des pays étrangers qui n'hésitent plus à saisir les propriétés étrangères, avec les séries de décisions égoïstes du bloc occidental (comme le refus d'ouvrir la propriété intellectuelle sur les vaccins COVID), il est possible qu'un bloc de pays non alignés voit le jour qui décide de nous écarter de leurs échanges commerciaux.
Non par haine de l'occident, mais par nécessité de survie, pour pouvoir continuer à nourrir les populations et leurs permettre de vivre. Un choix que l'occident ne souhaite pas faire. La misère, la mort de ses populations vulnérables l'indiffère. Dans ce contexte, il est possible que de nouvelles alliances économiques et diplomatiques se lient et que les mécanismes de commerce international et d'arbitrage qui sont une relique coloniale puissent disparaître car ne répondant plus au besoin d'acheteurs dont l'intérêt est d'éviter spéculation, et manipulation des cours par des acteurs nationaux du G20/G7.
Qui plus est après 2 ans de hoquet des chaînes logistiques, des pénuries alimentaires visibles partout dans le monde, des millions de morts du COVID souvent par manque de vaccins les gens ont ils encore confiance (fiduceo) croient-ils (crédit) encore dans la capacité des marchés à répondre aux défis actuels ?
Du point de vue occidentale sûrement, mais mettez vous à la place de l'Inde, la Chine, l'Afrique, l'Asie du Sud, l'Amérique du Sud ... bref de 70% de la population mondiale et de leurs dirigeants dont l'Occident dépend pour rester riche. Vous croyez pas qu'ils sont en train de ce dire qu'ils peuvent faire mieux que le marché en négociant entre vrais producteurs et vrais consommateurs sans intermédiaires ? Dans un monde pareil, la valeur des monnaies deviendrait de fait indexée primairement sur les ressources minières, arboricoles énergétiques et alimentaires, ce qui est étonnamment une suggestion de la Chine concernant la création d'un nouvel ordre monétaire basée sur les ressources. Dans un monde pareil, une zone géographique vidées de ses ressources par un passé ultra belliqueux va avoir une monnaie qui vaut pas tripette. Et uniquement parce qu'on a créé l'arnaque de la propriété intellectuelle avons nous encore des actifs négociables dont nous avons perdus les ouvriers pour produire et opérer ce que couvrent ses brevets.
En conclusion, le montant de votre compte en banque, les peurs quand la bourse monte ou descend, votre patrimoine ne sont plus vraiment important quand le reste de la communauté ne veut plus échanger avec vous. Et c'est un risque réel et raisonnable de dire que c'est un futur possible à terme de 30 ans au fur et à mesure que les crises perdurent et que l'occident refuse la solidarité mondiale sur des enjeux qui menacent le vie de milliards soit par la maladie, la guerre, la famine, le climat ou la misère... L'occident devrait douter de sa croyance dans le fait que l'Humanité est fondamentalement mauvaise et souhaite la mort de l'autre. L'Occident devrait douter du fait qu'il inspire encore crainte et respect. Nous sommes peut être comme Spartes et Athènes, Rome ou Constantinople à la veille de se voir contourner dans les échanges mondiaux. Ce qui techniquement est la marque de la chute d'une civilisation.
Je ne suis pas sûr que nous manqueront à grand monde, sauf peut être à quelques riches touristes qui de toute façon verront avec plaisir et gourmandise l'offre du tourisme sexuel s'enrichir quand la civilisation se pète la gueule.
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